Le coliving : une solution innovante pour revitaliser l’immobilier rural

Face au déclin démographique et à la désertification des zones rurales, le coliving apparaît comme une solution prometteuse pour redynamiser l’immobilier rural. Ce concept, qui consiste à partager un logement avec d’autres personnes en mutualisant les espaces communs, séduit de plus en plus d’actifs, de jeunes retraités et de familles en quête d’un cadre de vie plus équilibré et solidaire. Comment le coliving peut-il contribuer à la revitalisation des campagnes françaises et quelles sont les opportunités pour les acteurs de l’immobilier ?

Le coliving : un modèle en plein essor

Né dans les grandes métropoles, le concept du coliving répond à la fois à la hausse des loyers et à la recherche d’une meilleure qualité de vie. Il permet aux habitants de partager des espaces communs (cuisine, salon, jardin) tout en préservant leur autonomie grâce à des espaces privatifs (chambre, salle de bain). Le coliving favorise ainsi les échanges entre colocataires et offre une alternative économique et conviviale aux logements traditionnels.

Selon une étude réalisée par le cabinet JLL en 2019, le marché mondial du coliving devrait atteindre 550 milliards de dollars d’ici 2025. En France, plusieurs projets ont vu le jour ces dernières années dans des zones rurales ou périurbaines. Parmi eux, on peut citer la Coloc’2 Chefs en Gironde, qui propose un hébergement partagé pour des artisans et producteurs locaux, ou encore la Maison Gaya à Saumur, qui accueille des jeunes actifs et retraités autour d’un projet agroécologique.

Un levier pour redynamiser les zones rurales

En investissant dans l’immobilier rural, les projets de coliving participent à la revitalisation des territoires. Ils contribuent notamment à lutter contre la vacance des logements et à favoriser la rénovation du bâti ancien. En effet, selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), près de 3 millions de logements sont vacants en France, dont une grande majorité se situent dans des zones rurales.

Le coliving peut également contribuer à redynamiser le tissu économique local. Les résidents d’une colocation peuvent en effet créer une demande pour les commerces et services de proximité, et ainsi soutenir l’emploi dans ces zones. Par ailleurs, certains projets intègrent un volet entrepreneurial ou social, comme La Ferme du Bonheur en Loire-Atlantique, qui propose un espace de travail partagé et des ateliers pour promouvoir l’économie circulaire.

Des opportunités pour les acteurs de l’immobilier

Pour les professionnels de l’immobilier, le coliving représente une nouvelle source de revenus et de diversification de leur offre. Les propriétaires peuvent ainsi valoriser des biens vacants ou en mauvais état, en les transformant en espaces de coliving. De plus, ces projets offrent souvent un meilleur rendement locatif que les locations traditionnelles, grâce à la mutualisation des coûts et à une occupation maximisée.

Outre les particuliers, le coliving séduit également les investisseurs institutionnels et les collectivités locales. Ces dernières peuvent notamment soutenir des projets de coliving en facilitant l’obtention de permis de construire ou en proposant des aides financières pour la rénovation du bâti. Le gouvernement français a d’ailleurs lancé en 2018 un plan national « Action cœur de ville », doté d’une enveloppe de 5 milliards d’euros sur 5 ans, pour encourager la revitalisation des centres-villes et soutenir la création de logements innovants.

Des défis à relever pour pérenniser le modèle

Malgré son potentiel, le coliving rural doit surmonter plusieurs obstacles pour s’imposer comme une solution durable à la désertification des campagnes. Parmi eux figurent notamment les questions liées à l’accessibilité (transports en commun, accès aux services publics), à l’adaptation aux besoins spécifiques des populations rurales (seniors, familles) ou encore à la gestion des conflits entre colocataires.

De plus, le développement du coliving rural suppose une évolution du cadre réglementaire et fiscal. En effet, certaines règles d’urbanisme et de copropriété peuvent constituer des freins à la réalisation de projets de coliving, notamment en matière de densité ou de transformation du bâti. Les acteurs publics et les professionnels de l’immobilier devront donc travailler main dans la main pour adapter ces règles et favoriser l’émergence d’un écosystème favorable au coliving.

En définitive, le coliving rural apparaît comme une solution porteuse d’espoir pour revitaliser l’immobilier et les territoires en déclin. En misant sur la convivialité, la mutualisation des espaces et des coûts, il offre une réponse adaptée aux enjeux démographiques, économiques et environnementaux actuels. Toutefois, son succès dépendra de la capacité des acteurs publics et privés à lever les obstacles réglementaires et à soutenir le développement de projets innovants.